Officiers et gaullisme : l’armée dans l’aventure du RPF (1947-1955)

Le Rassemblement du Peuple Français (RPF), établi par le général de Gaulle en 1947, constituait la véritable seule formation politique sous la direction de l’homme du 18 Juin. Sa singularité tient notamment à la place accordée aux militaires, dont l’engagement, s’il restait minoritaire dans l’armée française, conférait au mouvement une aura particulière. L’appel de Strasbourg, lancé par de Gaulle au printemps 1947, résonnait clairement parmi les officiers : plusieurs généraux et colonels embrassaient la cause gaulliste, certains prenant même des fonctions de délégués départementaux ou régionaux.

En 1951, lors des élections législatives, douze officiers supérieurs ou généraux se sont présentés sous l’étiquette du RPF, et six ont été élus, dont le prestigieux général Kœnig. Dans les instances de direction, des personnalités telles que Catroux, Billotte ou Monsabert avaient un rôle proactif, particulièrement au sein de la commission de Défense nationale.  Leur prestige militaire, souvent hérité de la Résistance ou de la campagne de 1944-45, renforçait la crédibilité du mouvement et offrait au RPF un ancrage électoral dans des régions marquées par les guerres.

Les motivations des officiers furent variées : fidélité à de Gaulle, rejet du parlementarisme de la IVe République, hostilité au communisme ou inquiétude face à la guerre froide. S’ils ne constituaient jamais une majorité au sein du mouvement, les militaires donnèrent au RPF un visage singulier : celui d’un parti d’opposition où le patriotisme et le souvenir de la guerre s’entremêlaient étroitement à l’action politique.