
Dans son ouvrage Charles Pasqua : L’homme de l’ombre de la République, l’historien Pierre Manenti explore avec brio la figure de Charles Pasqua, un homme clé du gaullisme social et de la droite française contemporaine. Après ses précédentes publications sur le général de Gaulle et l’histoire du gaullisme, Manenti nous offre un regard nuancé sur un des plus grands représentants du gaullisme après le départ du général.
Loin d’une simple biographie, ce récit se propose de décrypter un héritage politique marqué par des nuances de gris, où la légende noire côtoie un rôle politique visionnaire. Le gaullisme, après la disparition du général de Gaulle en 1970, a connu une phase de transition, un moment de crise symbolisé par les luttes internes au sein de la droite. L’élection présidentielle de 1974 et la trahison de Jacques Chirac à l’égard de Jacques Chaban-Delmas, le candidat traditionnel du gaullisme, marque le début de cette rupture.
Chirac, en soutenant Valéry Giscard d’Estaing, provoque un bouleversement dans l’édifice gaulliste. Toutefois, l’action de Chirac ne se limite pas à une simple trahison. En 1976, il fonde le RPR, un mouvement politique qui va profondément transformer la droite et son rapport à l’héritage du général. Ce changement est essentiel pour comprendre comment le gaullisme a évolué après de Gaulle.
C’est dans ce contexte tumultueux que Charles Pasqua émerge comme une figure incontournable, entre fidélité à l’héritage gaulliste et adaptation aux nouvelles réalités politiques. Loin d’être un homme de l’ombre, comme certains ont pu le qualifier, Pasqua incarne une ligne politique à la fois conservatrice et pragmatique, parfois jugée autoritaire, mais toujours cohérente dans sa défense des principes gaullistes. Ce portrait dévoile les ambivalences et contradictions d’un homme qui a su naviguer entre les hauts et les bas du paysage politique français.