Le décès de Robert Boulin est surgi sous l’ombre du gaullisme.

Un ouvrage révélateur publié le 26 mars dernier, a réanimé l’affaire Robert Boulin, cet ancien ministre retrouvé mort en 1979. Initialement considérée comme un suicide, sa disparition est désormais réévaluée grâce à des informations récentes fournies par Jean-Louis Rizza, un ancien membre du grand banditisme.

Dans ce livre de dévoilement, élaboré avec l’aide du journaliste Frédéric Ploquin, il dévoile l’identité de celui qu’il estime être à l’origine de l’assassinat de Boulin. Il évoque une directive supposément délivrée par Charles Pasqua, figure majeure du gaullisme axé sur la sécurité. Ces affirmations ravivent l’idée d’un assassinat politique, nourrie depuis longtemps par des contradictions dans les rapports d’autopsie et des déclarations dérangeantes. Déjà en 2015, une enquête judiciaire pour enlèvement et séquestration avait été lancée, mettant en évidence la continuité de la suspicion.

Pour François Audigier, historien spécialiste des réseaux du gaullisme, ce lien entre sphères politiques et milieu criminel n’est pas une surprise. D’après lui, ces liens trouvent leurs origines dans l’époque d’après-guerre, lorsque l’anticommunisme servait de glue idéologique à des alliances douteuses.  La frontière entre lutte politique et recours à des moyens illégaux s’est alors progressivement brouillée, laissant place à une nébuleuse d’intérêts croisés.

Le retour du nom de Boulin dans le discours public met en évidence la persistance de certaines affaires qui demeurent délicates et compliquées. Elle interroge aussi le rapport entre pouvoir, secret d’État et vérité historique. Loin d’être close, l’affaire Boulin continue de hanter la mémoire politique française, avec une question centrale : à qui profitait vraiment sa mort ?